Le chien seul en jappant s’élança sur mes pas,
Bondit autour de moi de joie et de tendresse,
Se roula sur mes pieds enchainé de caresses,
Léchant mes mains, mordant mon habit, mon soulier,
Sautant du seuil du lit, de la chaise au foyer,
Fêtant toute la chambre et semblant aux murs même,
Par ses bonds et ses cris, annoncer ce qu’il aime ;
Puis, sur mon sac poudreux à mes pieds étendu,
Me couva d’un regard dans le mien suspendu.
Me pardonnerez vous, vous qui n’avez sur terre
Pas même cet ami du pauvre solitaire ?
Mais ce regard si doux, si triste de mon chien
Fit monter de mon cœur des larmes dans le mien.
Alphonse de Lamartine.